Dasein
"Dasein" est une plate-forme restitutive de prélèvements (d'images, d'objets, de formes, de sensations, de goûts, de couleurs, etc.) à l'occasion d'un workshop avec les étudiants, de 2ème et 3ème année, de l'École Supérieure d'Art de La Réunion, sur une proposition de l'artiste plasticienne Anne Fontaine.

Le mot allemand Dasein [ˈdaːzaɪn], littéralement « être-là », est l'infinitif substantivé du verbe allemand dasein, qui signifie, dans la tradition philosophique, « être présent ». Comme substantif, le mot apparu au XVIIème siècle avec le sens de « présence », est employé depuis le XVIIIème siècle dans sa traduction française en substitution au terme « existence ». Avec le philosophe allemand Martin Heidegger, ce terme est devenu, à partir de son maître ouvrage "Être et Temps" (Sein und Zeit), un concept majeur au moyen duquel l'auteur cherche à distinguer la manière d'être spécifique de l'« être humain », qui n'est pas celle des choses ordinaires. Ainsi le Dasein est cet être particulier et paradoxal, à qui son propre être importe, qui est confronté à la possibilité constante de sa mort, en a conscience, vit en relation étroite avec ses semblables et qui, tout en étant enfermé dans sa solitude, « est toujours au monde », auprès des choses, des êtes vivants.
Le workshop s'est déroulé en mars 2020 à Mascarin, Jardin Botanique de La Réunion. Le groupe a été en immersion dans ce contexte.
Merci au Département pour avoir rendu possible ce contexte de recherche et d'expérimentation.
Vous êtes invités à parcourir cette plate-forme comme un grand mur de recherche retraçant chaque jour l'ensemble des réflexions et des observations des étudiants.
Ont participé à ce workshop : Nadhira Allybux / Maurine Aubert / Elledie Brague / Emmanuelle Custine / Aurore Martin / Amandine Patin / Lucile Rizotto / Radjay Souprayenmestry / Zeola Souris.
J1/Amandine
J1/Aurore
J1/Élledie
Aujourd’hui je me suis baladée dans le jardin, et en croisant un nénuphar j’ai souhaité, un bref instant, être une petite grenouille pour avoir la possibilité de bondir de feuilles en feuilles.
Aujourd’hui j’ai compris l’importance de cueillir de multiples informations avant de débuter un travail.
J1/Nadirha
J1/Zéola
J1/Lucile

EEE = espèces exotiques envahissantes

« Quiconque s’érige en juge ment. » Jodorowski

Emmanuel Coccia / La métaphysique des plantes
Stefano Mancuso / L’intelligence végétale

Notion d’anthropique ou entropie
Allan McCollum

"Ici, les gens sont proches de la culture mais pas tant de la nature."
Friche : espace perturbé par l’Homme où poussent les plantes de manière combative.

Refaire performance dialogue avec les songes adapté à un paysage du conservatoire ?
J1/Radjay
COMMUN / À DÉCOUVRIR
Murray Schafer
Anaïs Tondeur
Emanuele Coccia
Stefano Mancuso
Le souci de la nature
Penser et agir avec la nature
Gilles Clément
Purs décors ?
Arts de l'Islam, regards du XIXe siècle
Francis Hallé
Alberto Baraya
Rebecca Louise Law
Francis Alÿs
Henri David Thoreau Walden
J2/Radjay
Respiration et exercice de perception écriture



Les oiseaux discutent, différents cris s’offrent à mes tympans, sifflements, roucoulements..

Un oiseau crie, le son qu’il émet est comparable au son d’un pistolet laser. Le vent fait danser les feuilles de bambou, je suis calme et j’ai envie de danser à mon tour. Impression que le vent calme les oiseaux, bruit de feuilles qui tombent.. cris d’enfants, ils se rapprochent, « regardez » s’exclame l’un d’eux // moustiques autour de moi // « observez » prof

Le bruit de leurs pas et les vibrations sur l’escalier. Kids go then birds sing again. Motor noise. Too much mosquitos.

Je repère un banc à l’entrée du jardin, le banc est en pente. Plus (+) de chaleur ici. A coté de moi un conifère s’élève dans le ciel. En face à 15m, une fougère arborescente. Bruits de tondeuses et de travaux, gens qui passent et parlent.

Oiseaux 

Je décide de porter mon travail sur la collection des bambous.

Je réeffectue l’exercice de perception, cependant je n’avais pas bien compris la consigne.. Il s’agissait de se focaliser sur un objet plutôt visuel. Tant pis, je vais quand même vous livrer mon texte.

Je pourrai rester planté là pendant des heures, au milieu de ces étranges obélisques verts s’élevant en arches vers les nuages. Hormis les piqûres de moustiques je ne ressens aucune sensation inconfortable. Le soleil se relaie avec l’ombre comme pour alterner moment de chaleur et de fraicheur/douceur. Les oiseaux discutent toujours, je les entends.. Soudain un hélicoptère passe et trouble ma quiétude me rappelant que toutes les bonnes choses ont une fin. 
Je distingue 7 cris d’oiseaux, mais impossible de les voir. Le vent s’est assoupi et les obélisques verts sont statiques, stoïques comme figés dans le marbre. Bruit de moto… voiture.. 4x4… bruit de moteur. 
Le vent revient à la charge, une feuille s’échappe, le bruit des troncs qui s’entrechoquent. Toiles d’araignées, les feuilles qui tombent se succèdent.. comme les saisons. 
Je divague, mon stylo tombe d’une marche et ça me réveille de mon état hypnotique. Non pas celui avec lequel je vous conte mon état, celui qui ne marche pas. Il n’écrit pas mais descend la marche. 
Les moustiques prennent possession de mon espace vital, je suis proie dans le leur, L-e-u-r-r-e, ils boivent mon sang, je deviens aliment puis chasseur et me venge sans regretter le châtiment. Les oiseaux rient de moi je le sens dans leurs chants. Même assis ici mes pensées dansent.
J3/Radjay
Je refais l’exercice de perception cette fois en me focalisant sur mon bambou en croissance. 
Bambou en croissance à 7m diagonale droite 
couleur : Pourpre légèrement cuivré comme un fruit de la passion clair
, les feuilles sont orientées vers le haut à partir de la tête, si non vers le sol ou horizon. 
On dirait une arme entre une masse avec des piques incrustés et une hallebarde avec un corps épais. 
les feuilles : pointues au bout larges à la base on dirait qu’elles sont aiguisées. 
un petit frère et un bébé au sol. 
Sa couleur tranche avec les obélisques verts souvent penchés alors que lui est érigé vers le ciel… érection céleste. 



J’ai commencé mes vidéos.
J5/Radjay
Je suis trop fatigué 
J’ai filmé une vidéo sur mon téléphone mais je suis complètement inefficace 
je décide de rentrer me reposer un peu.
J6/Radjay
J’ai trouvé le moyen d’accéder à différents endroits je décide de garder l’idée de cacher mon visage avec des éléments de la nature notamment les bambous et un grand arbre en référence à mon travail "Dialogue avec les songes". 


J’ai gardé 5 plans et le mot de la journée est "concentration". 

J7/Radjay
J’ai monté la vidéo à l’école de manière très simple 
J’ai juste mis bout à bout les plans et dans un ordre précis.

En repensant à ce workshop je regrette un peu ne pas avoir pris plus de notes et collecté des objets.
J8/Radjay
J2/Zéola
J3/Zéola
J4/Zéola
J5/Zéola
J6/Zéola
J2/Nadirha
J3/Nadirha
J4/Nadirha
J2/Élledie
J3/Élledie
J4/Élledie
J5/Élledie
Je vois des arbres, mais surtout du bambou, quelques moustiques volent autour, le sol est jonché de feuilles, d’écorce, de branches. Je distingue que très peu le blanc des nuages et pas du tout le bleu du ciel, j’entends plusieurs oiseaux différents je ne saurais dire lesquels, à part le roucoulement d’un pigeon.
Des moustiques s’accouplent, un coq chante. Par moment des gens passent ou travaillent mais ne me voient pas, je suis assise par terre, protégée par des bambous au-dessus de ma tête, j’entends comme une perceuse au loin.
Ça gratte.
Une douce odeur règne, l’humidité, le bois, la terre, et la verdure. Maintenant c’est une scie qui se met au travail, une classe d’enfants passe et ils se chamaillent, « Arêêête » dit l’un d’entre eux avec un ton boudeur. C’est drôle, je sais qu’ils sont là mais eux ne savent pas que je suis là, c’est comme être invisible.
Un chien hurle à la lune, en plein jour ?
Des gens passe juste dans mon dos techniquement je suis beaucoup plus visible mais il s’emblerait que je fasse parti du paysage.
"il s’emblerait que je fasse parti du paysage."
Retour au paysage, je crois que ce lieu est magique, car j’ai eu du mal à le retrouver, il se cache dans lui-même le paysage.
Mais il n’a pas changé ou très peu, je ne le connais pas par cœur après tout. De plus je remarque que le sol est plus humide. Je pense qu’il a plu dans la nuit. Je ne suis peut-être pas tant à l’abri sous ces chers bambous.
Livre : Un art écologique, Création plasticienne et anthropocène de Paul Ardenne / Page 112

« Le vent augmenta, glissa sous les pierres, emporta des brins de paille et de feuilles mortes et même des petites mottes de terre, marquant son passage à travers les champs. »

_On a ici la retranscription des actions de quelque chose d’invisible. Donc on ne le voit pas faire mais on voit la conséquence des actions, et il n’y a que comme ça que l’on peut prendre connaissance de sa présence, et de ses mouvements.
Il devient visible et existe par la conséquence de ses actions.
J2/Lucile
Aujourd’hui j’ai appris à écouter le silence grâce à Murray Schaffer, à Listen.

Aujourd’hui j’ai peint des fragments de paysage.

Aujourd’hui j’ai écrit «  J’entends les oiseaux discuter ensemble, ils semblent avoir beaucoup de choses à se raconter, peut-être qu’ils ne se sont pas vus depuis longtemps, que j’assiste à de grandioses retrouvailles, ou, peut-être qu’ils sont en désaccord, à en juger par leurs cris stridents, je ne serais pas étonnée par cette option. De toute manière, je ne vais pas leur demander, ils sont suffisamment occupés comme ça dans leur dialogue et il serait dommage de les interrompre. 
Surtout que moi, je ne parle pas oiseau. »
 

Aujourd’hui j’ai goûté et cueilli des fruits pour les transformer en encre végétale.


Aujourd’hui j’ai étudié un extrait de « L’intelligence des plantes » de Stefano Mancuso et Alessandra Viola, de l’édition Albin Michel, 2013

P.172, L20
« De nos jours, un ordinateur peut battre notre meilleur champion aux échecs, mémoriser n’importe quoi en quantités illimitées et sans la moindre erreur, faire des prévisions, transposer voire créer de la musique (pas toujours excellente, certes.) »

Ce passage traite de la capacité qu’à la technologie à dépasser l’homme en termes d’intelligence mathématique. Il établi des faits simples, sans imposer de jugements de valeurs, excepté à la fin de la citation qui explique que la musique créée par un ordinateur n’est « pas toujours excellente ».


Il peut nous renvoyer à nos propres défauts, une machine peut « mémoriser n’importe quoi […] sans la moindre erreur » contrairement à un être humain dont la mémoire est faillible. 

Cet extrait créé une opposition, une compétition entre l’Homme et la technologie « un ordinateur peut battre notre meilleur champion » et la grande gagnante tout le long de ce passage est la technologie, qui l’emporte toujours sur l’homme, excepté à la fin, où l’auteur explique qu’un ordinateur ne peut à priori pas dépasser l’Homme dans le domaine de l’art car son intelligence est basée uniquement sur la logique.

J3/Lucile
J2/Amandine
J3/Amandine
J4/Amandine
J5/Amandine
Le souci de la nature, p. 165, L.1.

« Les comportements sont avant tout des réponses à ce qu’un individu perçoit comme des besoins ».

- « comportements » → Actions, agissements...
- « réponses » → assouvir quelque chose
- « individu » → subjectivité
- « perçoit » → recevoir, sens, observation, contemplation ...
- « besoins » → besoins primaires communs (boire, se nourrir, dormir, se reproduire) / besoins de chacun (personnel), nécessitée, envies....

Nous sommes réunis par des besoins communs, primaires : dormir, manger... Nous nous en sommes éloignés au file du temps, de l’évolution. Ces besoins qui demandaient parfois des efforts collectifs sont maintenant remplacés par des besoins individuels.
De plus, maintenant que ces besoins « primaires » sont acquis, par exemple, de nos jours la nourriture est à disposition immédiate et en très grande quantité. Des besoins individuels apparaissent. C’est donc en fonction de ses besoins que l’Homme à toujours fonctionner, à l’époque, les Hommes s’entraidaient pour parvenir à assouvir leurs besoins alors que maintenant on peut voir émerger une individualité prononcée. Chacun pouvant se concentrer sur ses propres besoins et envies sans l’aide de personne, se construisant soi-même (self made man).
Paradoxalement, cette individualité est intéressante dans l’analyse de comportement, car chacun ayant une perception différente du monde qui l’entoure par exemple, permet d’obtenir un spectre très large d’interprétations. Un peu comme une base de données.

Martin Aurore
J2/Aurore
J6/Aurore
J5/Nadirha
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J4/Lucile
Aujourd’hui, j’ai été très inspirée par le travail de Karl Blossfeldt 

Aujourd’hui, j’ai goûté des fruits et créé un nuancier grâce à leurs jus.

Aujourd’hui j’ai été impressionnée par la beauté des couleurs de la nature. 

Aujourd’hui, j’ai commencé à faire connaissance avec une orchidée, une fleur complexe et magnifique qui était illuminée par le soleil et m’a fait tomber sous son charme par sa beauté.

Karl Blosfeldt
Aujourd’hui j’ai appris ce qu’était une plante indigène, ce qu’était une plante endémique, et ce qu’était une plante exotique, j’ai compris des enjeux écologiques et économiques liés à la flore de l’île et de la flore importée. 

Aujourd’hui, j’ai appris les différentes étapes nécessaires à la création d’un herbier, et les différents types de collections possibles, Alcothèque (fragments de plantes), Carpothèque (graines et fruits).
J’ai compris l’importance de ces collections, de ces archives, de cette mémoire.

Aujourd’hui, j’ai de nouveau rendu visite à mon orchidée.
J5/Lucile
Aujourd’hui j’ai étudié les couleurs du jardin, j’ai collecté des feuilles pour comprendre leurs formes, leurs couleurs et leurs nuances.

Aujourd’hui j’ai fait connaissance avec mon amie l’orchidée grâce à un botaniste. 
C’est une Spathoglottis.SP, une plante exotique venant du Sud Est de l’Asie, elle n’existe pas à l’état naturel, contrairement à la Spathoglottis Plicata qui existe à l’état naturel sur l’île mais est exotique et envahissante.

Aujourd’hui, mon orchidée est tombée à cause d’une forte pluie, aujourd’hui je suis en deuil, ce soir je la conserverais précieusement. 


Aujourd’hui, je me suis baladée pour collecter des feuilles pour poursuivre mon nuancier.
Aujourd’hui j’ai prêté mon corps à une amie pour qu’elle y dessine des motifs floraux éphémères.

Aujourd’hui j’ai rendu hommage à mon amie l’orchidée en la sculptant dans une feuille de papier.

J6/Lucile
J6/Lucile
Aujourd’hui, j’ai continué mon nuancier.

Aujourd’hui j’ai retravaillé ma nouvelle orchidée en papier.

Aujourd’hui j’ai pris des photos lors de ma balade.

Aujourd’hui, j’ai profité d’être dans un cadre idyllique. 

J6/Nadirha
J6/Nadirha
Voir la restitution en image